Elements nouveaux

1- Le caducée, Bastien et Kirikou :

Le symbole d'Auryn représente deux serpents. Le film ne se prononce pas et ne développe pas le symbole comme le fait le livre. A part sur cette innovation qui le distingue du livre : le symbole est argenté sur la couverture du livre tandis que l'amulette sur la poitrine d'Atreyu est colorée. Ce que remarque les enfants pendant la projection.


Dans le livre Bastien ramène l'eau de vie de son passage dans le pays fantastique. Et le seuil de sortie de la fiction vers la réalité se fait par une porte géante constituée de deux serpents gigantesques qui gardent le bassin de l'eau de vie. Dans les mythologies antiques, le serpent est considéré comme porteur de vie ou bien à la racine de la vie. Ce que les écrivains de La genèse (La bible) ont par la suite quelque peu transformé pour des motifs politiques. D'autre part depuis des temps reculé le serpent est lié à la connaissance, comme c'est en filigrane dans La genèse. Mais on le voit aussi avec le caducée. (Les serpents autour du bâton, le signe du "pharmacon" grec, qui signifie aussi bien le poison que son antidote, étymologie de notre mot de pharmacie).

Dans le film tout le mouvement du récit tend vers la révélation de Bastien. Vers une connaissance. Dans Kirikou, autre héros et parcours initiatique, la révélation est tendue par l'aspiration de Kirikou à comprendre et à connaître l'origine du mal qui frappe le village (sa question "pourquoi la sorcière est-elle méchante". C'est le grand-père dans la montagne lui fourni la réponse un peu comme l'oracle du sud à Atreyu, et la petite impératrice à Bastien dans l'histoire sans fin. Dans le livre il y a l'équivalent. Et le récit est marqué des étapes de la question qu'il pose.

Les gros plans de Bastien dans le film, depuis sa rencontre avec Koreander le libraire, traduisent cette interrogation sous la forme : 1- d'un intérêt mise en scène et surjoué par le jeune acteur. 2-par son interrogation, 3- sa surprise. 4-ou bien ses doutes, 5-et enfin sa peur ou sa défiance à l'égard du savoir que le livre lui délivre petit à petit : à savoir que c'est bien lui qui construit le monde de Fantasia. Et qu'il y a en fin de compte identité entre Atreyu et lui.
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Le fait que le dieux Hermés, dieux qui franchit les dimensions entre ciel et terre mais aussi hommes et dieux, porte lui-même un caducée. On note bien qu'il s'agit donc d'un savoir ésotérique (qui donne lieu au mot d'hermetisme) et d'autre part que ce savoir se fait en mouvement en action, le savoir la connaissance est un parcours (Hermés est le dieu simultanément des voyageurs). Quand on compare le caducée d'Hermés (en bas) et le caducée actuel des pharmaciens, nous voyons que bien sûr il n'y a plus qu'un serpent, mais aussi que le bâton ailé - du voyage et des airs- est remplacé par un motif très proche plastiquement : la coupe où macère le breuvage.

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Nous faisons le constat en regardant le film que le livre est un tel vecteur de connaissance et de voyage pour Bastien. Et que le livre est l'équivalent pour Bastien, de Falcor pour Atreyu.

Et c'est à escient par conséquent que ce symbole des serpents est choisi par Michael Ende. Que le réalisateur a traduit en partie par les émotions et les transformations dans l'attitude de Bastien à l'égard du livre dans le grenier.
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