Intertextualité

Quand Chihiro


rencontre Atreyu





Cinéma

eXistenZ
Cronenberg, David :
eXistenZ joue beaucoup comme l'histoire sans fin du paradoxe suivant "être dans l'histoire et à l'extérieur", mais à la puissance plus, puisque nous sautons sans cesse d'un plan à l'autre sans savoir lequel est celui de la réalité. Un film injustement traité par la critique et oublié. Il a quand même reçu l'ours d'argent à Berlin.


La clepsydre; le manuscrit trouvé à Saragosse.
de Wojiec Haas : réalisateur polonais à redécouvrir

Après avoir assisté à la projection du manuscrit trouvé à Saragosse, film qui joue des paradoxes narratifs, je me suis perdu dans Paris - prenant le métro à deux ou trois reprises dans la direction opposée, celle qui m'éloignait de ma destination. Voilà les dangers d'être trop sensible aux images. Mais aussi la force du cinéma. Quand j'étais adolescent, chaque film recomposait le monde. Quand je passe dans les classes je pense à certains enfants qui ont moins accès aux images, et sont de ce fait plus impressionnables. Je n'hésite pas dans mes interventions en classe à repasser des extraits qui ont pu les marquer, comme celui de la mort de Artax. En décomposant plan par plan et montrant que c'est une construction. Ci dessous l'image en noir et blanc du tournage de cette séquence. A.A.

.
















Princess Bride
Dans le dossier pédagogique j'indique l'ensemble des éléments qui montrent que le réalisateur de Princess Bride s'est servi de L'histoire sans fin. Une histoire est inventée à partir d'éléments de la réalité que nous avons éprouvés ou que d'autres ont éprouvés à notre place. Mais aussi d'éléments d'autres histoires que nous avons lues ou que nous avons vues comme c'est le cas ici au cinéma. La culture est une histoire de recyclage, une histoire sans fin.
.

La rose pourpre du Caire
Dans le film de Woody Allen on a l'effet inverse de l'histoire sans fin, ce sont les personnages du film qui font irruption dans la salle de cinéma et dans la vie réelle, ce qui produit un même dispositif de mise en abîme, où le spectateur est forcément interpellé.

Quand la mer monte.
de Yolande Moreau et Gilles Porte. Ici on croise la scène de théâtre et la vie réelle. La vérité s'établit sur la scène tandis que dans la vie on se retrouve au contraire dans l'illusion. Les masques de théâtre prennent une force d'incarnation, alors que le personnage de l'actrice dans son histoire d'amour réelle, devient un jeu de masque dans la vie.

.

Philosophie

.
Nietzsche :

"Accorder à l’être le caractère du devenir". Autrement dit prendre la réalité comme si elle était virtuelle, c'est à dire une fiction. C'est d'ailleurs l'interprétation que le philosophe allemand fait des anciens grecs et de leur panthéon de dieux vivants qui interviennent dans la réalité plus comme des fictions opératoires que comme une magie (voir "La naissance de la tragédie"). L'éternel retour est aussi au coeur du contenu et de la forme de "Ainsi parlait Zarathoustra."
Le livre de Michael Ende développe beaucoup plus cet aspect que le film de Wolfgang Petersen. Comme je l'ai déjà signalé, le passage des fresques sur le mur de la ville en ruine, avant le combat contre Gmork le loup, est une très jolie illustration de ce thème et du paradoxe qu'il contient. (L'image dans l'image, le récit dans le récit etc).


Les grecs et leurs paradoxes

Par exemple le célèbre paradoxe du menteur, ou bien Achille et la tortue etc. Paradoxes aussi bien mathématiques que logiques, philosophiques, topologiques. Il existe, il me semble, en livre de poche un ouvrage sur les paradoxes.
.

Psychologie

.
Freud : dans Au-delà du principe de plaisir in "Essais de psychanalyse" théorise le principe de retour traduit par son célèbre " for da" à travers l'observation de la bobine qu'actionne l'enfant symbolisant le retour de la mère. Dans quelle mesure rejoint-elle l’objet transitionnel de Winicott) ?
Voir aussi aussi la métaphore du psychisme de Freud comme celui d’une ville romaine moderne qui s’est développée sur d’anciennes fondations et où rien ne se perd.
Les fresques que Atreyu découvre dans la ville détruite, et sur lequelles il va s'apercevoir ainsi que le loup, me font penser à cette hypothèse de Freud.
.
Littérature :
.
Borges : « fiction » (par exemple la bibliothèque dans la bibliothèque).
Proust A la recherche du temps perdu (encore une histoire d'éternel retour).
Italo Calvino Si par une nuit d’hiver un voyageur (voir aussi notre chapitre "


Si par une nuit d'hiver . En 1979, L'année de la parution du livre de Michel Ende, Italo Calvino, publiait une autre Histoire sans fin : "Si par une nuit d'hiver un voyageur" où le lecteur est, là aussi, largement mis en abîme. Ce lecteur, convoqué comme un des personnages clé, est confronté à son insatisfaction puisque le roman n'est constitué que d'une suite de débuts de romans (incipit).

Les mille et nuits

Les contours merveilleux d'une quête romanesque, son rapport avec les figures multiples de l'auteur, sa quête d'un roman pur, s'apparentent à une autre histoire sans fin, celle contée par Shérazade pour tenir en haleine son auditeur, c'est à dire pour le tenir, tout comme elle, tout comme Bastien, en vie.

Sylvie et Bruno
On aussi un paradoxe très proche dans Sylvie et bruno de Lewis caroll (l'auteur de Alice au pays des merveille) . Et qui en constitue la fin. Sylvie retrouve le médaillon en forme de coeur. elle a toujours pensé qu'il y a deux versions de ce médaillon. Sur l'une il est écrit : Sylvie aimera tout le monde, sur l'autre : Tout le monde aimera Sylvie. Jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive à la fin du roman qu'il s'agit du même médaillon, avec une face rouge et une face bleue. Comme nos deux serpents sur la poitrine du vaillant Atreyu. Dans le roman L'histoire sans fin, c'est le même thème de l'amour, par lequel s'achève le trajet initiatique de Bastien.

Arts plastiques




Escher joue admirablement dans ses dessins des paradoxes topologiques




.



L'histoire sans fin (Petersen)


.



Le jugement du Monde (Michelange)



.

Quand peinture, fromage et musique faisaient bon ménage
.



Un exemple de mise en abîme, les anneaux de la vache sont eux-mêmes des boîtes de fromage Vache qui rit, etc.. à l'infini.




.

Le bonhomme Ripolin peint un autre bonhomme Ripolin etc. Jacques Lacan utilise cet exemple dans l'un de ses séminaires de la même époque 1960 ("D'un autre à l'Autre", ed. du Seuil ) pour exprimer les caractéristiques topologiques du sujet humain. A la fois dedans et dehors, qui sont la conséquence de son introduction dans le langage. Je ne sais pas si les animaux ont cette capacité d'absorption de distraction, comme celle que nous procure la lecture et notre langage. Cette capacité à rentrer dans un imaginaire et à s'abstraire.

.


Couverture de l'album Ummagumma du groupe de rock Pink Floyd. Le miroir sur le mur reproduisant l'ensemble.






.