Le Père affairé.
Il monologue plutôt que dialogue avec Bastien. Non attentionné, indifférent à l’univers intérieur du gamin, journal courrier, cadre social, "faux-cul" au niveau de l’affection ou de la tendresse, comme la tortue. Rigide, dans une trop grande conformité à la règle. Bien rasé, costume 3 pièces, conformiste. Mauvais éducateur. Mais la mise en scène est très fine, subtile : on peut penser aussi qu'il essaie de sortir Bastien de sa pathologie, de son enfermement, de sa tristesse. A la fin de la séquence "cuisine", le jeu du jeune acteur indique une perplexité à l'égard de la pseudo tendresse finale du père. (passage de main dans les cheveux de l'enfant).
Il monologue plutôt que dialogue avec Bastien. Non attentionné, indifférent à l’univers intérieur du gamin, journal courrier, cadre social, "faux-cul" au niveau de l’affection ou de la tendresse, comme la tortue. Rigide, dans une trop grande conformité à la règle. Bien rasé, costume 3 pièces, conformiste. Mauvais éducateur. Mais la mise en scène est très fine, subtile : on peut penser aussi qu'il essaie de sortir Bastien de sa pathologie, de son enfermement, de sa tristesse. A la fin de la séquence "cuisine", le jeu du jeune acteur indique une perplexité à l'égard de la pseudo tendresse finale du père. (passage de main dans les cheveux de l'enfant).
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Koreander, le libraire :
Vraie sagesse. Accepte la transgression de la loi souple. Wolfgang Petersen l'a fait à l'image de la tortue. Mais son personnage s'oppose autant à elle qu'au père de Bastien. Pas rasé, il ne s’encombre pas de l’étiquette.
la ressemblance du libraire avec Morla la tortue :
- Ils sont tous deux "allergiques à la jeunesse". Plastiquement le libraire est engoncé dans son fauteuil comme la tortue dans sa carapace.
- tous deux disent "Mais cela n'a pas d'importance".
- Tous deux ont une sagesse : celle du libraire est de bluffer Bastien : c’est un éducateur aimant quoiqu'avec des apparences "bougonantes".
- Ils représentent un seuil : Koreander pour Bastien est l'équivalent de la tortue pour Atreyu, selon la correspondance des personnages Bastien et Atreyu, et des deux mondes juxtaposés : celui de la réalité, celui de la fiction.
Explication : Morla est en rapport avec Atreyu qui représente dans l’histoire de Bastien son lecteur. Tandis que Bastien a rapport avec le libraire, Atreyu a rapport avec la tortue. Ils indiquent tous les deux un seuil : le libraire fait rentrer Bastien dans la lecture et dans Fantasia, tandis que Morla indique à Atreyu où il peut trouver la réponse, à qui la demander (L'oracle du Sud).
Koreander se livre au réel – coup de sonnerie du téléphone qui marque la réalité, la règle sociale, mais qui permet à Bastien de dérober le livre. Bon éducateur de nouveau.
Vraie protection (celle de son magasin, celle des livres de la lecture, celle de l’accès à l’imagination, celle de la sympathie en raison du goût de la lecture qu’il partage avec Bastien. Et surtout celle de l’accès à l’histoire sans fin qui permettra à Bastien d’affronter des situations par son héros interposé, et d’affirmer ce qu’il est, avec son goût pour l’imagination. En fuguant, en entrant dans l’histoire, en se laissant interpeller par elle.
Mal rasé, arrondi, le libraire s’oppose au père de ce fait. Excentrique il est proche de Bastien (le grenier est comme une librairie, un lieu de méditation attentive à l'abri du monde et de son agitation, pour des aventures plus palpitantes.
Le libraire est donc faussement indifférent et allergique à la jeunesse. Plutôt réfractaire à ce qui barre la puissance de l'imagination, comme les jeux vidéo.
Morla :
o La tortue / le père : soliloque, ne dialogue pas. Indifférente. Et péremptoire, père catégorique. Esprit de sérieux, manque d’humour. N’aime pas être dérangée. Lourde. Fausse sagesse : sophiste. Dialectique. Atreyu la déjoue dans le film et encore plus dans le livre. Alors que le Bastien ne peut rester que silencieux devant un père catégorique. Elle est misanthrope, n’aime pas les enfants. Etiquette (différence livre/film toutefois). Absence de protection d’Atreyu qui se trouve livré aux marécages et au loup. Elle représente une impasse ou une solution quasiment fausse comme le père et laisse Atreyu dans le désarroi, comme le père laisse Bastien dans son désarroi.
o La tortue/ Falcor La tortue est un animal qui règne sur les marécages et en épouse les caractéristiques. Elle est l’opposé total de Falcor le dragon de la chance qui vient en délivrer Atreyu : Falcor aime les enfants, il est rapide, plutôt léger bon enfant et sans façon. Il est direct. Enfin c’est une vraie monture sur laquelle on peut tenir contrairement à la tortue sur laquelle on glisse (Falcor s’oppose à la tortue à tous les niveaux : de la croyance à la chance et la faveur des choses, contre le découragement ; de l’optimisme contre le pessimisme.
o Falcor est un dragon porte-bonheur amusant - alors que la tortue imbue d’elle-même se prend au sérieux. Et pas forcément magique puisqu'il ne "devine" pas Atreyu : simplement il l'a entendu dans son sommeil. Très terre-à-terre pour un animal volant. Le message : profiter des circonstances : par exemple de la présence heureuse de Atreyu pour se faire gratter derrière l’oreille. Profiter des circonstances. C’est un amour de la vie : dans ce qu’elle a de plus immédiate, concrète, prosaïque. « Ne renonce jamais et la chance sera de ton côté ».). A noter que dans le livre le dragon est plus sérieux, plus impressionnant (avec une tête de dragon plutîot que de chien). Petersen le réalisateur a choisi d'introduire un registre plus léger, d'humour, avec le dragon, d'ironie avec le père, de grotesque tendre avec le Mangeur de pierre.
o La tortue / le mangeur de pierre. Bien sûr la lourdeur, mais aussi le cercle (vicieux) qu’ils constituent; De ce fait, ils sont des animaux de paradoxe : le Mangeur de pierre, délicat, est aussi glouton. Fuyant le néant il détruit tout sur son passage. Tout comme Morla qui, en indiquant la solution à Atreyu, l’enfonce plus profondément, en raison de la distance qui le sépare de l'oracle. Autre forme du paradoxe.
o La tortue / Bastien : on peut penser, quoique Bastien soit dans le fond assez actif, que lorsqu’il crie dans l’apparition de la tortue il se trouve aussi en face de son propre « abattement » mélancolique. Le film en construit une métaphore. Le cri a lieu peu de temps après les larmes dans une inversion : les larmes vont de Atreyu à Bastien, tandis que le cri va de Bastien à Atreyu comme en contrepartie. En décidant de rester après l’épreuve de la tortue, Bastien renforce son désir, lutte contre l’abattement et la renonciation. Renforçant son désir il en renforce l’ennemi : Le loup qui s’abat sur lui et enclenche sa course vers Atreyu.
Tristesse et néant sont liés dans un cercle vicieux. Dans ce cercle ce qui est en jeu c’est une énigme.
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1 commentaire:
Merci ! TRès intéressant ; je viens de redécouvrir le film avec mon fils et je le trouve toujours aussi beau...
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